Si je ne me rappelle plus exactement dans quel film j’ai vu Raphaël Quenard pour la première fois, je me souviens en revanche parfaitement de celui où je fus subjugué par son talent et sa verve goguenarde si délectable. C’était dans Yannick, le onzième long-métrage de Quentin Dupieux, un film où l’acteur isérois crève l’écran dans un rôle qui semble avoir été écrit spécialement pour lui permettre de déployer sa gouaille bien à lui.
Aussi, lorsque j’appris que celui qui est depuis devenu un des mes acteurs français préférés allait bientôt publier son premier roman, il fut clair que je me jetterais sur ce livre le jour de sa sortie. Et si un voyage au Portugal m’empêcha de mettre mon plan à exécution, je l’achetai néanmoins dès mon retour en et commençai à le lire aussitôt – dans les rues séparant la librairie de mon domicile –, allant jusqu’à mettre en pause ma lecture du moment, chose rarissime pour moi.
Dans La Grande Librairie, Augustin Trapenard a dit de Raphaël Quenard qu’il écrivait comme il parlait. Je trouve cette assertion un peu réductrice car Clamser à Tataouine est délicieusement bien écrit et comporte bien moins d’envolées gouailleuses que lorsque Raphaël Quenard est interviewé (son intervention dans l’émission a été truculente). Mais on reconnaît indubitablement la singularité de l’acteur/auteur qui gratifie le lecteur de nombreuses phrases saillantes et incisives.
Le résultat est vraiment de très bonne facture et ce coup d’essai est transformé haut la main. Le style est là, les dialogues sont savoureux, l’histoire se déploie avec aisance, et la conclusion est rondement menée. Un livre jubilatoire à l’image de son auteur. Bravo Raphaël !