Libertate
5.9
Libertate

Film de Tudor Giurgiu (2023)

Un film de guerre sans guerre ... basé sur des faits réels… ou presque ?

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On entend d’abord les bruits. Des cris, des ordres, des pneus qui hurlent. On ne sait pas encore si c’est la guerre ou juste une répétition du chaos — mais ça claque sec, comme une gifle dans un couloir vide. Libertate, de Tudor Giurgiu, reconstitue les événements de décembre 1989 à Sibiu, mais il ne filme pas la révolution : il filme sa panique. Celle qui tord les nerfs, qui rend sourds aux ordres, qui fait tirer avant de comprendre. Ce n’est pas un récit, c’est une ime. Et c’est peut-être là que ça se perd.


Il y a, dans le décor, tout ce qu’il faut : la ville quadrillée, les immeubles percés d’ombres, les militaires débordés par l’Histoire. Et il y a cette caméra mobile, souvent plaquée aux corps, qui cherche la vérité dans les interstices — dans les doutes, les tremblements, les hésitations. Mais à force de suivre tous les fronts, le film s’épuise. Il crie fort, mais ne dit pas grand-chose. Il montre l’erreur, le quiproquo, le feu qui se croise entre amis — et cela suffit peut-être à dire la folie de ces heures, mais pas à la faire ressentir autrement qu’en surface.


Les comédiens tiennent leur partition, parfois trop bien. Alex Calangiu, Andi Vasluianu, Ionuț Caras : des visages connus, crédibles, qui font le job. Mais on cherche un regard, une faille, un point d’ancrage — quelque chose qui dée l’archive. Le film documente, il ne transcende pas. Et la tension finit par ressembler à une routine : on court, on se planque, on hurle encore. Il manque un silence, une respiration, un vertige.


La reconstitution est honnête, précise, appliquée — presque scolaire. Les flashs de violence sont réels, tangibles, mais ne laissent pas de trace, ou si peu. Tout se vaut, tout s’écrase. Et quand le film tente de ralentir, de prendre un peu de hauteur, c’est souvent trop tard : l’émotion est restée coincée entre deux portes. On comprend la volonté — faire mémoire, sans fioriture, sans mythe — mais le style étouffe. C’est sec, c’est brut, mais c’est aussi un peu vide.


Libertate aurait pu brûler. Il aurait pu fracturer l’image figée d’une révolution fantasmée. Il choisit la poussière, le béton, les tirs amis. C’est un choix. Mais il manque de souffle, de chair, de trouble. Et il repart comme il est venu : en feu croisé.

4
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le 26 mai 2025

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Le-Général

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