On connaît le Ricky Gervais désopilant maître d’œuvre de la version originale de The Office dans son rôle de l’inénarrable David Brent. On connaît aussi le maître du one-man show, très grinçant et politiquement (très) incorrect (il l’a montré encore une fois avec son nouveau spectacle à Bercy en 2025, « Mortality »). Dans cette série qui s’étale sur 3 saisons (18 épisodes), Gervais nous montre une autre facette de son talent. Il l’a écrite, réalisée et il en joue le rôle principal, celui de Tony Johnson, journaliste dans un petit journal local gratuit, The Tambury Gazette. Mais voilà, depuis qu’il a perdu sa femme qu’il adorait d’un cancer, Tony n’a plus envie de vivre et essaie même à plusieurs reprises de se suicider. Il essaie même la drogue. Mais c’est sa chienne qui à chaque fois l’en a empêché ! C’est elle qui lui donne envie de se lever le matin. Il décide alors de s’en prendre à tout le monde en disant ce qu’il pense vraiment, sans filtre, y compris aux gamins qu’il croise et qui l’inent. Ce qui donne forcément des scènes désopilantes dans lesquelles on retrouve le Gervais poil-à-gratter. Il est entouré au journal d’une bande de personnes souvent cabossées par la vie : son ex beau-frère en est le patron, son meilleur ami en est le photographe qui « ressemble à Shrek » selon ses propres mots.
Quant à Kath, elle s’occupe de la publicité de l’hebdomadaire, grande fan d’horoscopes et surnaturel, ce qui a le don de faire hurler Tony. Et puis, il rencontre Anne sur un banc du cimetière où il vient tous les jours se recueillir sur la tombe de sa femme et elle a perdu son mari. L’occasion d’échanger et de se rendre compte que la vie de Tony n’est peut-être pas terminée. C’est Emma, l’infirmière qu’il rencontre dans la maison de retraite où se trouve son père qui lui fait entrevoir ce que pourrait être une nouvelle relation. Ce sont toutes ces personnes qui lui redonnent l’espoir et lui montrent qu’il n’est pas condamné à souffrir, boire et regarder des vidéos de sa femme sur son ordinateur chaque jour, comme s’il ne pouvait désormais plus vivre qu’entouré de morts. On rit franchement de certaines répliques et situations hilarantes, comme quand Tony et Lenny le photographe vont interviewer un homme de 50 ans qui s'identifie à une fillette de 8 ans, habillé avec robe et les cheveux avec nattes !!! Le casting est fantastique avec Tony Way, Penelope Wilton, Diane Morgan, David Earl ou encore Joe Wilkinson et Ashley Jensen. Une série mordante qui s’interroge sur la vie, le deuil : comment continuer à vivre quand on a perdu la personne à qui vous teniez le plus au monde ? Quel sens votre vie peut-elle alors avoir ? C’est une série aussi émouvante, on ne connaissait pas Gervais dans ce registre-là, Tony se révélant très touchant. La fin est ouverte et les dernières images peuvent être comprises de plein de manières différentes. Mais, attention, vous n’êtes pas à l’abri de verser quelques larmes. On quitte Tambury vraiment à regret, cette petite ville coquette et presque toujours ensoleillée (oui, oui !!!) car ses habitants en sont bien attachants.