Ayant vu Tirez sur le pianiste dernièrement, adapté d'un roman de David Goodis, je me suis rappelé que j'avais l'un des romans de cet auteur dans mes séries blêmes. C'était le moment d'essayer. Première remarque donc, le ton particulier de Tirez sur le pianiste, mélange de comédie et de film noir, vient probablement du roman lui-même, tant on le retrouve dans ce Cauchemar.
En effet, dès les premières pages, on sent que Cauchemar n'est pas banal. David Goodis y apporte un ton propre à faire accepter les pires énormités, et c'est bien ce qui va arriver, car il est difficile de trouver crédible cette intrigue. C'est que Cauchemar est effectivement un livre noir, avec son personnage d'évadé acculé, Vincent Parry, dont on sait qu'il n'a pas commis le crime qu'on lui a imputé, mais c'est aussi une comédie, et le ton est quelque part entre les deux.
Pour que cela fonctionne, il faut que le style de David Goodis soit réussi, et c'est le cas : par exemple dans les atermoiements du personnage qui agit tout le temps à rebours de ses pensées (le film de Truffaut, Tirez sur le pianiste, recourt au même procédé à l'aide d'une voix-off). Mais surtout dans les dialogues, qui sont exceptionnellement savoureux.
Si dans les romans noirs vous cherchez avant tout le réalisme, évitez Cauchemar, qui est presque surréaliste tellement les choses ne peuvent pas arriver comme cela, ça n'existe tout simplement pas! Sinon, et même si vous n'aimez pas le genre, essayez donc, David Goodis a un ton très personnel, et une manière de faire qui ne ressemble pas aux autres.