Les écrits d'Homère parviennent à traverser les époques, grâce notamment à ce savant mélange entre fantastique et Histoire, et sont particulièrement propices à la démesure du 7ème art, et c'est ce qu'exploite Mario Camerini avec Ulysse, bénéficiant de moyens conséquents.
Il parvient ici à bien exploiter ces deux aspects, que ce soit une fascinante plongée dans l'antiquité ou l'aventure fantastique, assez palpitante. Les points connus du récit d'Homère sont présents et bien mis en valeur, que ce soit le long voyage ou les péripéties fantastiques, avec quelques séquences marquantes comme Ulysse face au Cyclope ou dans l'antre de Circé, notamment lorsqu'il fait face à ses anciens compagnons.
L'atmosphère est prenante, parfois sombre, souvent fascinante et tout du long placée sous le signe de l'aventure. C'est palpitant, avec un rythme maîtrisé, sachant être lent lorsqu'il le faut, avec des dialogues parfaitement retranscrits, ou plus rapide, avec parfois un enchaînement rapide des péripéties. Mario Camerini parvient à donner une dimension épique et historique à son oeuvre, avec un souffle parcourant les aventures d'Ulysse.
Il n'hésite d'ailleurs pas à s'approprier l'oeuvre, quitte à proposer une vision différente du personnage d'Ulysse, moins sage et rusé que dans le livre. Il exploite bien les décors, sachant rendre son oeuvre immersive, et maîtrise bien quelques thématiques comme celles du temps qui e ou des ambitions d'un homme qui va se confronter aux divinités. Devant la caméra, les comédiens sont très bons, que ce soit les premiers ou seconds rôles à l'image d'Anthony Quinn et Silvana Mangano, et en particulier un Kirk Douglas totalement galvanisé et habité.
Avec Ulysse, Mario Camerini met en scène avec brio les écrits d'Homère, sachant en retranscrire la fascination, l'Histoire ou encore le fantastique, avec une atmosphère prenante, parfois sombre ou mystique, et emmenée par de très bons comédiens, en particulier un Kirk Douglas habité.