"Les carnets rouge sang !"

Avec “The Order”, le réalisateur australien, Justin Kurzel (“Les Crimes de Snowtown”, “Le Gang Kelly”, “Nitram”) reprend à son compte une partie du récit de “Talk Radio” d’Oliver Stone, sur l’assassinat de l’animateur radio Alan Berg en 1984. Mais bien avant ce fait divers sordide - révélateur d’une époque troublée - “The Order” accompagné de sa magnifique reconstitution des eighties et de son envoûtante partition musicale signée Jed Kurzel (le frangin du metteur en scène), nous entraînent dans le sillage de Terry Husk (Jude Law). Cet agent vétéran du FBI s'étant déjà fait la main sur des dossiers brûlants tels que le Klu Klux Klan ou encore la Cosa Nostra se voit confier par le bureau, la mission de mettre un terme aux agissements d’un groupe de suprémacistes blancs dans l’état de Washington. Alors qu’une fièvre séparatiste menée par le charismatique et dangereux Bob Mathews (épatant Nicholas Hoult) s'empare d’une congrégation religieuse, vitrine légale d’un mouvement racialiste sous étroite surveillance, voici que des braquages sont perpétrés dans les environs de Seattle. Arrivé sur les lieux, Terry constate que ces délits - finançant une cause - sont l'œuvre de “l’Ordre”, un groupuscule de nationalistes radicaux menés par Bob Mathews. Après quelques interrogatoires, un corps, celui d’un sympathisant de “l’Ordre” est découvert à l’orée d’un bois. Lors de fouilles, plusieurs exemplaires d’un guide de survie intitulé “Les carnets de Turner” sont retrouvés. Ce brûlot anarchique semble être considéré par d’aucuns, comme une Bible. Il y est question de déstabiliser l’Etat par des attentats et des assassinats ciblés ! C’est alors qu’une course contre la montre ou plutôt contre la mort, s’engage pour les autorités en charge. Thriller âpre et nihiliste aux relents désespérés, empruntant autant au cinéma dénonciateur de Michael Cimino, Alan Parker, Costa Gavras ou encore Scott Cooper, qu’aux récits viscéraux et intimes de Jeff Nichols, “The Order” nous captive dès les premières minutes - pourtant parfois contemplatives - sans jamais relâcher la tension et la pression. Cette Amérique rurale, ancrée dans ses traditions, cette Amérique des hillbillies ou rednecks - c'est au choix - que Justin Kurzel filme à l’épure (à contre-pied d’avec les standards hollywoodiens du moment) - se trouve n'être qu'en réalité le miroir de notre société actuelle !

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le 13 févr. 2025

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RAF43

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