Sirāt
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Sirāt

Film de Oliver Laxe (2025)

Mettez la 1ère vitesse, avec le frein à main.

Fun fact : on le rattrapait le dernier jour du Festival de Cannes, avec une dizaine de personnes qui nous avait prévenu que "Attention, la fin est radicale, tu verras !". Jour-J, il y a eu la coupure de courant pile poil à vingt minutes de la fin, tout s'est arrêté net, la lumière de la salle s'est lancée, et on a pensé "Ah oui c'est radical, effectivement ! Ça, c'est du parti-pris artistique !"... Heureusement, une annonce micro nous a vite déniaisé (on commençait à applaudir... Au secours), et vingt minutes plus tard (et avec la moitié de la salle qui s'est barrée pour essayer d'avoir la deuxième séance de la journée), le film s'est remis en route : on aurait préféré la version "coupure nette". C'est un peu dommage, mais la dernière ligne droite de Sirat est très clivante, enfile les péripéties comme des perles, parfois à la limite du fantastique (la

profession de foi du personnage principal qui nous fait une "Indiana Jones qui doit y croire pour traverser"

), une intrigue volontairement non résolue (

on n'a pas retrouvé la sœur, au final

) et un message engagé assez balourd ("Vous voyez, ce que les émigrés subissent ?"), ce qui nous a un peu déçu, après un film fort et audacieux. Le mot "sirat" en arabe signifie la frontière ténue entre le réel et l'au-delà, un pont aussi fin qu'un cheveu, qu'on a vite fait de franchir si l'on oublie de serrer un frein à main (on a hurlé intérieurement en s'agrippant aux accoudoirs, c'est la meilleure scène du film !), si l'on ne fait pas gaffe aux terrains minés, aux virages serrés dans les corniches montagneuses... Sirat est donc un mix improbable entre le Salaire de la peur et un film de techno arraché au mezcal et à la coke sous un soleil de plomb, avec des personnages "bigger than life" (excessifs en tout) avec qui on rigole, on s'émeut, on tremble, et avec un Sergi Lopez impeccable (comme d'habitude). On embarque assez facilement avec eux, et les tragédies du voyage sont assez durs pour peu qu'on s'attache aux personnages... Le rythme est excellent, il n'y a pas de gras, et la BO débouche les oreilles (à 8h du matin, ça réveille mieux que les double-espressos usuels des festivaliers crevés dans les derniers jours). De façon très subjective, on n'a pas accroché à la dernière ligne droite, mais dans l'ensemble Sirat est un film surprenant et qui assume pleinement ses partis-pris. Et au moins, vous vous sentirez moins bête de toujours mettre la 1ère vitesse "au cas où", en plus de votre frein à main...

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le 30 mai 2025

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Aude_L

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