Lui-même ayant été un soldat lors de cette guerre, Oliver Stone signe avec Platoon un film fort et sans concession sur le Vietnam et la fin de l'innocence américaine. C'est sur un jeune engagé volontaire qu'il va braquer sa caméra et avec qui il va découvrir l'horreur de la guerre.
Alors oui, on peut trouver à Platoon quelques maladresses et même excès à l'image de la répétition musicale, mais quelle puissance ! Oliver Stone nous jette dans le bain du Vietnam avec violence et crudité pour y suivre le parcours et la désillusion d'un jeune patriote qui va découvrir ce qu'est la guerre et la face caché de l'Amérique. Se basant sur sa propre expérience de la guerre, Stone nous immerge en pleine action, nous met à la place du protagoniste pour nous faire ressentir les mêmes sensations que lui, c'est à dire la peur constante, les soupçons, la fatigue et l'horreur.
En prenant comme point de départ ce jeune gamin venant d'une famille semblant plutôt aisée, un minimum instruit et donc volontaire car élevé dans l'honneur que représentait la défense des grandes USA, il va peu à peu montrer sa désillusion et perte de valeur. Stone met en avant le sacrifice de toute une génération et la folie de cette guerre où ils ont attaqué un pays qu'il ne connaissait pas et envoyé de nombreux humains à l'abattoir. Il reste tout le long aux Vietnam, montrant aussi les ravages de la guerre sur la psychologie des soldats et comment ils peuvent se diviser entre eux. Là où l'oeuvre est aussi particulièrement intéressante, c'est dans la façon dont le jeune Chris va se retrouver déchiré entre deux mentors, deux idéologies et convictions et avoir, par moments, un regard lucide sur ce qu'ils font et comment, en plus de se détruire soit-même, ils vont détruire des populations. L'écriture des personnages est clairement un des points forts où Stone met en place l'errance d'âmes meurtries qui vont se retrouver déer par une guerre qui n'était pas la leur.
Platoon prend aux tripes comme peu de films de guerre peuvent le faire, Stone nous mettant face à la guerre et nous y immergeant en plein milieu et créant un sentiment de malaise et d'horreur. Il trouve le bon équilibre entre les scènes de guerres (remarquablement filmées, nous donnant la même impression que les protagonistes) et celles où il va plus étudier les personnages, notamment leurs évolutions, tandis qu'il évite de tomber dans le manichéisme. Les scènes marquantes et coups de poings se succèdent sans trop tomber dans la surenchère tandis que Stone dirige merveilleusement ses acteurs, chacun se fondant dans son rôle à l'image de William Dafoe, Tom Berenger ou le jeune Charlie Sheen.
C'est sans concession que Stone montre la guerre du Vietnam, nous y emmenant au cœur pour mieux nous montrer l'horreur de la nature humaine, les désillusions d'un soldat et la face caché d'un pays.