Le Syndrome de Stendhal est un film généralement très apprécié des fans de Dario Argento et certains considèrent même que c'est son dernier grand film. Pour moi il reste malheureusement un film dans lequel j'ai beaucoup de mal à me projeter et me fondre, bien moins en tout cas que son héroïne dans les œuvres d'art qu'elle regarde. Même en le revoyant pour la troisième ou quatrième fois dans une très belle copie HD, rien n'y fait, je reste un peu en retrait et jamais pleinement convaincu même si le film possède d'indéniables qualités.
Dans Le Syndrome de Stendhal nous allons suivre une jeune inspectrice qui traque un tueur et violeur jusqu'à en devenir la victime. La jeune femme souffre également de ce fameux syndrome qui lui fait perdre connaissance et halluciner face à des œuvres d'art.
Pour moi l'atout numéro un du film reste la performance de Asia Argento et le cheminement de son personnage face aux traumatismes de la violence sexuelle, physique et psychologique dont elle est la victime. On pourra en sous texte s'interroger sur la dureté extrême des scènes que son cher paternel lui demande jouer quand bien même le rôle n'était pas initialement prévue pour elle et qu'il faut garder la distance fonctionnelle de l'exercice cinématographique. Car le personnage et par extension un peu l'actrice également ne sera pas épargnée subissant deux viols et se perdant totalement dans les abysses de son traumatisme jusqu'à la folie. Même si Asia Argento n'est pas la plus grande actrice du monde, elle possède une intensité, une sincérité et un chartisme qui transcende largement les largesses occasionnelle de son jeu de comédienne. En tout cas, quand bien même on a un peu mal à croire qu'elle soit policière faute de contextualisation, elle livre dans Le Syndrome de Stendhal une performance pleinement convaincante dans un rôle particulièrement casse gueule. Le parcours de Anna Manni (Asia Argento donc) reste assez ionnant tant il cristallise les profonds traumatismes de cette jeune femme violée comme avec son quasi refus de signes extérieurs de féminité quand elle se coupe les cheveux, s'habille comme un garçon et devient d'une redoutable dureté y compris avec son petit ami pourtant pétris des meilleures intentions. Dans la seconde partie du film elle redevient objet de séduction exacerbée avec perruque blonde et robe légère mais dans une optique toujours aussi trouble et dans une même mécanique d'une personne totalement perdue et brisée par les traumatismes des violences subies. Dans cette optique et cette dimension je trouve le film de Dario Argento particulièrement fort et pertinent avec cette lecture en sous texte d'un giallo à la fois pervers et violent qui s'interroge plus sur les traumatismes de la victime qu'à la perversité du bourreau. Le film qui parle d'art est aussi , mais c'est la moindre des choses, traversé de quelques jolis fulgurances visuelles qui renvoient à la peinture, à la littérature et au cinéma. Pourtant , à part une symbolique un peu lourde entre se fondre dans une œuvre comme le mal peut se fondre dans une victime, je n'arrives pas à pleinement saisir l’intérêt profond de cette histoire de syndrome de Stendhal qui ressemble juste à un prétexte à quelques expérimentations visuelles pas toujours très heureuses d'ailleurs.
Si j'ai toujours autant de mal à pleinement rentrer dans le film c'est peut être à cause de sa structure un peu bordélique, à cause d'un personnage au départ assez mal caractérisé, et à cause de cette foutue histoire de syndrome qui pour moi (mais peut être que je suis é à côté) reste un prétexte et un vague fond jamais pleinement exploité. Après même si ça reste des détails qui ne méritent pas de condamner le film dans son intégralité, je comprends qu'en étant le premier film italien à utiliser des effets spéciaux numérique on veuille un peu le montrer mais franchement cette animation 3D dégueulasse montrant le cheminement d'une pilule avalée dans le corps du personnage d'Anna c'est aussi laid que profondément ridicule ; heureusement toutefois qu'on ne lui avait pas prescrit des suppositoires. L'hypersensibilité du personnages aux œuvres d'art conduit aussi à en foutre partout jusqu'à frôler l'incohérence puisque l'on se retrouve avec une reproduction de La Ronde De Nuit dans une chambre d'hôtel, des tableaux dans un commissariat et finalement un peu partout ou en aura besoin pour le scenario. Quant à la structure même du film c'est un peu les montagnes russes, j'ai du mal à rentrer pleinement dedans, puis j'adhère à la proposition jusqu'à un dernier acte qui me remet dans l'expectative me laissant fatalement sur un sentiment toujours aussi mitigé.
Non pour moi Le Syndrome de Stendhal n'est pas le dernier grand film de Dario Argento car je lui préfère l'imparfait mais plus percutant Le Sang Des Innocents, il reste quelques belles idées visuelles et surtout la performance de Asia Argento aussi sublimée que « maltraitée » par son paternel