Une histoire d'amour comme tant d'autres. Qui attire les contraires et exerce immédiatement son pouvoir d'attraction par un regard, une maladresse, une fuite et une douce obstination.
Tout d'abord dans une ville de Séoul aux allures rétro-futuristes, faisant cohabiter les hologrammes, les montres archi-connectées et les platines vinyle d'un autre temps. Très largement avant de finalement envoyer son cœur sur orbite.
Juste l'Espace Entre Nous évoque certaines obsessions du cinéma de Makoto Shinkai. Non pas celui de Your Name. Non, oubliez cela. S'il fallait établir un parallèle, il serait plutôt à chercher du côté de l'influence de son court-métrage Voices of a Distant Star, puis de la rencontre improbable de deux univers décrite par Garden of Words. Avant de se singulariser.
Les amoureux sont tout d'abord rivés au plancher des vaches, ayant fait le deuil de leur rêve et de leur vie. Un voyage vers Mars et son exploration pour l'un, la musique pour l'autre. Pour mieux se nourrir et se reconstruire via l'autre, et découvrir un chemin de traverse qui ne l'est pas tant que cela, à bien y réfléchir.
Ils sont de la même manière aspirés vers le é : ses souvenirs désuets, ses traumas de l'enfance, l'abandon et la fuite, ses projets inachevés.
La romance de Juste l'Espace Entre Nous est tendre et faite de tous ces petits moments de plénitude a priori anodins, de ces images que l'on conserve en photos ou dans notre cœur soudain ému. Elle ravive les ambitions, avant de rappeler son caractère incertain, comme si elle n'était qu'un leurre, un hologramme devant les yeux.
Une séparation inévitable. Et des promesses que l'on ne pourra peut-être pas tenir. Après un baiser dans un ascenseur, dans les bras l'un de l'autre, c'est dans une fusée spatiale, isolé, que l'amour essaie de se distendre pour ne pas être oublié. Etre là. Tout simplement, et tenter de le préserver. Là où Makoto Shinkai parait sa relation d'intense mélancolie, Han-ji Won préfère quant à elle l'illustrer de manière un peu plus adulte, en conjuguant l'ambition à la connexion, l'indépendance au nécessaire lâcher-prise.
L'histoire d'amour sera faite du crépitement du vinyle, d'ondes et de la poursuite d'une dernière image lointaine. Mais elle sera intensément terrienne, malgré l'attrait des étoiles. Elle exalte les vulnérabilités de son tendre duo, émouvant dans ses imperfections et dans l'alchimie qu'il dégage immédiatement, malgré un graphisme parfois perfectible dans sa représentation des traits des visages.
Le voyage spatial dessine quant à lui une tension dans la distance qui ne fait que renforcer l'attachement qui a grandi une heure durant. Et quand la frontière entre le rêve et la réalité s'abolit, quand les mots d'adieu résonnent, une déflagration intense nous touche en plein cœur.
Vous aurez compris qu'encore une fois, le palpitant du masqué a fondu comme un chocolat devant l'illumination des décors de la ville de Séoul, son ambiance entre deux époques et les émotions que l'oeuvre a su susciter en lui. Comme avait su le faire, sur un sujet voisin, Tunnel to Summer, en parlant d'accomplissement personnel et de perte de l'être cher.
Le masqué en a aussi eu les larmes aux yeux. Tout d'abord par ce qu'il a tenté de décrire, maladroitement, pour vous faire part de son enthousiasme.
Puis cela s'est peu à peu transformé en mélancolie, à l'idée que Juste l'Espace Entre Nous soit honteusement privé d'une exploitation cinéma. Et enfin, en réalisant soudain que le film sort dans l'anonymat le plus complet, la tristesse l'a emporté, l'intégralité de la critique pro ayant abandonné depuis longtemps maintenant son unique utilité : faire découvrir, donner envie, s'enflammer, et surtout s'aventurer hors des sentiers battus.
Alors que sa sensibilité exaltée, sa direction artistique chatoyante et les émotions dont l'oeuvre se nourrit méritent vraiment d'être saluées, mais surtout partagées avec le plus grand nombre possible.
Behind_the_Mask, ♫♪ Les yeux mouillés de pluie, Les mains tendues vers le ciel. ♫♪