Dans l'ensemble, Ballerina est un bon divertissement d'action, emporté par le charisme de son actrice principale Ana de Armas, bien aidé par la présence ponctuelle du "Parrain" de cet univers (Keanu Reeves alias "John Wick, le mec qui suinte la classe et le respect" : on l'adore), mais qui se débat assez laborieusement avec son scénario et sa mise en scène. Pour la quantité de scènes d'action, on est servi (et l'on se demande même si Ana de Armas ne s'est pas un peu cramée, dans une ou deux scènes de la dernière demi-heure, dont on n'a pas compris le trucage : donc chapeau), pour l'implication de son actrice principale également (elle assure), pour la résolution finale qui ouvre sur des suites, on valide. Mais il faudra faire un effort sur la qualité. On nous fait palper dans l'ouverture la formation de danse classique assidue que maîtrise maintenant notre héroïne Eve, et le titre du film est quand même "Ballerina", donc on s'attendait à une démonstration de chorégraphies de combats stylisés (comme les John Wick qui reprenaient les arts martiaux, pour créer des scènes de bagarres magistrales) dans l'esprit de la danse, ou du moins un chouia souple et gracieux... Première douche froide : l'héroïne est une vraie bourrine, qui n'a cure des finitions, elle explose les méchants en grosse bouillie numérique ou les fait cramer, pour la qualité et la finesse des combats, on reera. Deuxième bémol : cette mise en scène, qui n'a pas le coup d’œil des anciens films de la saga, qui pense être cool quand elle nous remet la même scène de "lance à eau" trois fois, sous trois angles différents, ce qui devient juste kitsch à souhait. Enfin, dernier reproche purement narratif : le point "telenovela", quand l'intrigue nous sort du chapeau une
frangine cachée, un personnage totalement inutile (le méchant aurait expliqué que le père d'Eve avait voulu l'enlever à ce village, et que c'était la raison de sa vengeance, cela aurait largement suffit, pourquoi diable aller inventer une sœur cachée dans cette origin-story ?) qui meurt d'ailleurs deux minutes après (zéro intérêt, vraiment).
On retiendra donc surtout les dernières scènes de Lance Reddick (l'adorable réceptionniste... Il nous manquera), la franche rasade de scènes de baston (ça défouraille en continu), et l'investissement certain d'Ana de Armas, dont le personnage bourrin pourrait s'intercaler entre les mecs d'un Expendables (ils en aurait peur, même). On regrette ce choix de castagne brouillonne dans le seul but de tâcher les murs, nous privant de la grande inspiration et la finesse de combats qui rendaient somptueux les John Wick. Ballerina, non, plutôt Bourrina.